Le béton demeure l’un des matériaux fondamentaux dans la construction, mais au sein des chantiers la rigueur dans sa mise en œuvre impose une connaissance précise des règles qui l’encadrent. Quelle démarche adopter pour appliquer correctement le DTU 21, norme centrale de l’exécution des ouvrages en béton ? Son périmètre, la typologie des chantiers concernés, ainsi que les étapes à respecter pour la conception et la réalisation méritent une attention particulière. De la préparation aux contrôles, il définit une méthode détaillée qui évite les défauts structurels et garantit la durabilité des ouvrages. Ce texte s’adresse autant aux maîtres d’œuvre qu’aux artisans, détaillant les prescriptions qui assurent une stabilité et une qualité conforme aux attentes réglementaires.
Principes et champs d’application du DTU 21 pour la construction en béton
Le DTU 21, correspondant à la norme NF P 18-201 révisée en juin 2017, régule la mise en œuvre des ouvrages en béton armé ou précontraint dans le secteur du bâtiment. Il reprend les exigences de la norme européenne NF EN 13670, avec une annexe spécifique pour la France.
- Objectif : Uniformiser les mises en œuvre pour prévenir les malfaçons, en garantissant la compatibilité technique des ouvrages coulés en place ou préfabriqués.
- Travaux concernés : Dalles, voiles, poutres, dallages et autres éléments usuels de bâtiments, sauf ouvrages spéciaux comme silos ou cheminées pris en charge par des DTU spécifiques.
- Exclusions : Bétons avec granulats lourds, béton projeté ou armatures non métalliques, ainsi que les éléments préfabriqués avec normes spécifiques.
Cette norme est couramment utilisée sur les marchés publics et privés et reste un outil de référence réclamé par les assureurs en cas de litige. Respecter le DTU 21 correspond à une assurance de qualité technique et réglementaire, tout en permettant une meilleure coordination des intervenants sur les chantiers.
| Partie du DTU 21 | Contenu | Type d’information |
|---|---|---|
| Partie 1-1 | Cahier des clauses techniques types | Spécifications de conception et mise en œuvre |
| Partie 1-2 | Critères généraux pour le choix des matériaux | Définition des qualités et caractéristiques requises |
| Partie 2 | Cahier des clauses administratives spéciales type | Dispositions contractuelles spécifiques |

Phases préparatoires : le dossier initial, fondation de la qualité béton
Le DTU 21 met en avant la nécessité d’un dossier initial complet avant toute intervention. Ce dossier inclut :
- Les études géotechnique et hydrogéologique afin de bien cerner le comportement du sol et son incidence sur l’ouvrage.
- Le positionnement précis des incorporations (gainage, canalisations) pour éviter des interférences lors du coulage.
- La définition des classes d’exposition qui dépendent de l’environnement et des sollicitations prévues sur le béton.
- Le dossier technique des bétons à utiliser, associé à la norme NF EN 206, décrivant la composition et les caractéristiques prescrites.
Cette organisation préalable sécurise l’exécution et facilite le contrôle en cours de chantier. Un dossier rigoureusement préparé contribue à éviter des retards, des coûts supplémentaires et des remises en cause après réalisation.
| Catégorie chantier | Caractéristiques | Classe d’exécution selon NF EN 13670/CN | Exemple |
|---|---|---|---|
| A | Bâtiments de petite importance, hauteur ≤ R+2 avec sous-sol | Classe 1 | Maison individuelle, petit bâtiment commercial |
| B | Constructions courantes jusqu’à R+16, volume béton ≤ 5 000 m³ | Classe 2 | Immeuble résidentiel moyen, pavillonnaire, bâtiment industriel |
| C | Chantiers très importants, hauteur > R+16 ou ouvrages complexes | Classe 3 | Grands immeubles, complexes sportifs, entrepôts industriels |
Exigences pour la mise en œuvre du béton selon le DTU 21
La mise en œuvre est soumise à plusieurs recommandations spécifiques qui influent directement sur la qualité et la durabilité de la structure :
- Étaiement et coffrage : Ils doivent être rigides et adaptés au type de béton et à la configuration de l’ouvrage.
- Armatures : Leur disposition garantit la tenue mécanique et sert à fixer les coffrages lors du bétonnage.
- Délai de mise en œuvre : Le béton doit être coulé dans un délai maximal de 2 heures après fabrication, avec une température ambiante aux alentours de 20°C.
- Mise en œuvre par pompage : Nécessite un amorçage au moyen d’une barbotine, avec une distance maximale de transfert fixée à 100 m en vertical et 300 m en horizontal.
- Compactage : Un damage ou vibration du béton est obligatoire sauf pour les bétons autoplaçants, afin d’éliminer les vides et assurer une densité homogène.
- Reprises de béton : Les points de reprises doivent être anticipés et validés par l’ingénieur études, afin d’assurer la continuité mécanique et esthétique.
- Cure du béton : Un traitement de cure au jeune âge est nécessaire, limitant les retraits plastiques et améliorant la résistance finale.
Contrôles techniques et tolérances à respecter en phase chantier
Les opérations de contrôle font l’objet d’une attention particulière dans le DTU 21, avec une périodicité et des critères adaptés à la catégorie du chantier :
- Vérification des matériaux : Contrôle des caractéristiques des bétons (granulats, ciment, adjuvants) issus de fournisseurs reconnus comme Lafarge, Holcim, Ciments Calcia, Vicat, EQIOM.
- Inspection des armatures et coffrages : Assurer la conformité dimensionnelle et la stabilisation.
- Suivi des conditions de mise en œuvre : Température, délai entre fabrication et coulage, compaction effective.
- Tests sur béton frais et durci : Résistance à la compression, absorption d’eau, contrôles de fissuration.
Ces mesures validées renforcent la résistance des ouvrages et leur pérennité, limitant les risques de sinistres qui représentent près de 300 millions d’euros annuels en malfaçons béton, selon des études récentes.
| Type de contrôle | Fréquence | Référence DTU 21 | Objectif |
|---|---|---|---|
| Contrôle des matériaux | Avant et pendant mise en œuvre | Article 8 | Conformité aux spécifications |
| Inspection des coffrages | Avant coulage | Article 8 | Stabilité et sécurité |
| Contrôle des bétons | Sur échantillons réguliers | Article 8 | Résistance et durabilité |
Les apports techniques et limites du DTU 21 pour vos ouvrages béton
Ce document détaille notamment :
- Les tolérances dimensionnelles admissibles pour éviter les défauts d’assemblage.
- Les recommandations sur la planification des reprises de béton et la coordination entre équipes.
- Les indications précises sur les cures (méthode, durée, agents de cure) qui influent sur la performance finale.
- Un cadre de certification pour la conformité des matériaux et leur traçabilité, avec les fournisseurs Sika, Weber, Mapei, ParexGroup, Chryso.
Les malfaçons liées au non-respect de ces points peuvent provoquer des désordres coûteux, et ce détail a une incidence directe sur la durée de vie des ouvrages. Leur maîtrise repose sur la lecture attentive des clauses techniques et administratives du DTU 21.
Questions souvent posées à propos du DTU 21 — réponses claires et précises
- Pourquoi le respect du DTU 21 n’est-il pas toujours impératif mais reste recommandé ?
Respecter cette norme engage la qualité et la sécurité, diminuant les risques de malfaçons et facilitant la résolution juridique en cas de litige. - Quelles sont les différentes catégories de chantier selon le DTU 21 ?
Trois catégories : A (petite hauteur), B (constructions courantes jusqu’à R+16), C (grands ouvrages et hauteurs dépassant R+16). - Comment la norme améliore-t-elle la performance énergétique ?
Par une gestion précise des matériaux, des doses et des contrôles, elle autorise un béton plus adapté à l’isolation et à la durabilité. - Quels risques encourt-on en ne respectant pas le DTU 21 ?
Malfaçons, augmentation des incidents, litiges d’assurance et dégradation accélérée de la structure.